Ma vie à l'envers

Une traversée d’un siècle de chansons à travers le dernier récital d’un artiste hors du commun, Reda Caire, dont le nom rappelle ce que la chanson française doit à l'Egypte de Guy Béart, Georges Moustaki, Louis Chedid, Dalida…

La chanson en France doit beaucoup aux artistes venus de l’extérieur. Avec Ma Vie à l’envers, nous avons choisi de considérer les artistes venus d’Egypte, en commençant par le premier d’entre eux : Reda Caire. Interprète exigeant, il sut vivre ses plus ou moins grands succès avec grâce. Après avoir été boy à Paris et vedette en titre, il revint à Marseille où il était arrivé à 18 ans avec ses parents. Il y continua à chanter et devint professeur de chant, en particulier celui d'Yves Montand, mais aussi d'interprètes comme Josy Andrieu, qui est venue à la création de ce spectacle chanter en invitée pour quelques représentations.
Ce spectacle fut créé à Saint-Zacharie, là où l'artiste aimait à passer des vacances et où il est enterré, puis fut donné pour trois soirs à L'Odéon de Marseille sur la Canebière. L'équipe artistique du Hall de la chanson se verra rejointe par un nouveau venu, Richard Dubelski, fils du dernier directeur de la mythique salle de l'Alcazar de Marseille, passage obligé presque cent ans durant de tout artiste de variétés de renommée nationale.

Comme Rufus Wainwright l'a fait avec un récital de Judy Garland, nous interprétons dans l'ordre de la présentation qu'il en avait choisi, les chansons du dernier concert de Réda Caire, à l’exception de quatre chansons d’autres artistes venus d’Egypte ou passés par l’Egypte (Georges Moustaki, Dalida, Claude François, Louis Chédid), qui seront interprétées par la jeune Nacima Bekhtaoui, comédienne tout juste sortie du Conservatoire d’art dramatique.

Ainsi nous célébrerons un artiste qui, simple interprète, sut parcourir un large pan de répertoire historique de la chanson française. Des romances de la Belle époque à leur évocation par Dimey, de chansons citant l'opérette jusqu'aux succès des petits jeunes d'il y a cinquante ans Ferré et Aznavour, Réda Caire nous révèle derrière des chansons qu'on croit connaître comme « La Paloma » ou « Habanera », la chaude présence des rythmes des Caraïbes ou les langueurs de l'ancêtre du tango. Dans un répertoire qui semble refaire sa vie à l'envers, mêlant petits ânes du Caire de son enfance à des chansons hispanisantes, il semble nous dire toute son intime connaissance des exils arabes. Mais aussi, dans une certaine ambiguïté des accents de sa voix incomparable, on peut entendre l'androgynie et la jeunesse éternelle vers lesquelles jusqu'à sa trop rapide fin il semble avoir tendu.

Ainsi notre spectacle, avec espièglerie et fascination, cherche-t-il, raconté par deux faux-vrais techniciens, un habilleur-transformiste et un accordeur-pianiste aveugle, à aborder par les coulisses ce que fut ce merveilleux homme de scène dont on dit qu'il séduisait toutes et tous.


Conception et interprétation : Serge Hureau et Olivier Hussenet, pour le Hall
Musiciens : Cyrille Lehn et Richard Dubelski
Direction musicale : Cyrille Lehn et Richard Dubelski
Invitée : Nacima Bakhtaoui
Conseil artistique et dramaturgique : André Bernard
Costumes : Antonin Boyot-Gellibert